dimanche 10 décembre 2017

Le « temps manquant » du Professeur.




« Il n’y avait aucune attente consciente particulière de ma part et de mon fils quand nous avons quitté Grand Forks, Nord Dakota, en ce dimanche matin 20 mars 1988 dans mon pick-up Ford rouge. Une légère couche de neige présente disparut au bout de 50 km mais le ciel resta nuageux.

« Nous nous dirigions vers le Mississipi, destination New Orleans.

« Mais quelque chose d’étrange survint…

« Ni John III, ni moi, n’ont gardé souvenir sur le coup de ce qui arriva en cette fin d’après-midi. Nous avons été sous un contrôle mental qui nous avait envahis, caractérisé par l’amnésie. J’ai ralenti, me suis tourné vers les lumières… Le voile de l’amnésie est descendu sur nous…

« Quand ma conscience est revenue, nous avions parcouru 100 km sans nous en rendre compte. Il était 19 h 45, il faisait nuit… la perte de conscience du temps était tout à fait déconcertante. »

Tel est le récit de l’expérience d’une période « totalement neutralisée dans leur mémoire » (temps manquant) vécue par John R. Salter, 55 ans, professeur d'études indiennes et longtemps à la tête du Département consacré à cette discipline à l'Université du Nord Dakota, et son fils, 23 ans, qui l'accompagnait. Ce jour-là, ils se dirigeaient vers la Louisiane afin d’y participer à une conférence sur la culture américaine.

Qu'est-ce qui les fit dévier de leur itinéraire prévu ? « Une force invisible », pense John. Pour les amener précisément sur cette route de Deep South, là où ils firent leur rencontre, dans les bois du Wisconsin, vers 18 h 15 du soir. « Ce fut le plus extraordinaire événement de ma vie », affirma rétroactivement le jeune Salter.

Seulement rendus perplexes mais inconscients de ce qui s’était passé, les deux hommes dormirent à Bettendorf, dans l'Iowa, et repartirent le lendemain matin après le breakfast.

Sur leur trajet, à l'est de Peoria, Illinois, ils observèrent un ovni miroitant comme une pièce d'argent dans le ciel. Plus tard, John compara l’engin à un morceau de charbon de bois rougeoyant. « Il avait la taille d'une route à deux voies et quand il fut à 200 m de nous, il fit un léger crochet pour nous survoler puis fusa à une vitesse incroyable ». Sa forme était celle d’une soucoupe avec un petit dôme au-dessus.

« Un étrange sentiment nous vint, suggérant que cette démonstration n'était pas étrangère à notre « temps manquant » de la veille.

Le reste du voyage se déroula sans autre incident ; de même que le séjour et retour au Nord Dakota.

Ce n'est que quelques mois plus tard, en mai-juin 1988, que John eut des réminiscences de l'épisode survenu là-bas sur cette route déserte du Wisconsin. Tout d'abord sous forme de flash-back, de rêves vivaces survenant au petit matin puis, progressivement, de façon tout à fait lucide : des images, des séquences et des rêves matinaux qui réémergeaient en cours de journée. Ainsi, put-il reconstituer sans aucun recours aux techniques hypnotiques la stupéfiante rencontre à laquelle ils avaient été confrontés. Apparemment, son fils John III, lui aussi sujet aux mêmes souvenirs, participa à la reconstitution de ce qui constitue bien un scénario d’abduction.

« Nous fûmes forcés de quitter la nationale. Il faisait presque nuit. J'ai vu deux ou trois petits humanoïdes sautant sur le pare-chocs arrière du pick-up et regardant par-dessus le plateau dans mon dos. Ils avaient 1,20 à 1,40 m de haut avec des corps grêles et des membres fluets; comparativement, leur tête était très grosse et leurs yeux énormes quasi obliques.

« Il y avait près de nous 6 ou 7 de ces petites créatures et une plus grande, plus humaine (le médecin de la bande, selon John).

« Sur injonction télépathique, nous quittâmes le camion, partîmes à travers bois, avec cette curieuse escorte, traversâmes un ravin puis un petit pont ; devant nous, posé au milieu des taillis, se tenait un vaisseau spatial blanc brillant avec un panneau bleu.

« J’ai trébuché et ai manqué tomber en arrière mais ma chute a été amortie par quelque force télékinésique. Avec douceur, plusieurs humanoïdes sont venus vers moi et m’ont remis sur pied.

« On nous fit entrer à l’intérieur de l’engin, dans une salle brillamment éclairée, et nous y subîmes toute une série de tests médicaux. Un implant fut placé profondément dans ma narine droite. On me fit deux injections, une dans la zone de la thyroïde, une autre dans la partie supérieure de la poitrine (thymus).

Son fils fut lui, de son côté, examiné au niveau du visage au moyen d’une lampe type torche avec examen particulier du menton et de la mâchoire inférieure.

« Après, nos petits amis nous reconduisirent au pick-up, s'éloignèrent et l'ovni décolla à grande vitesse en biais tandis que nous-mêmes reprenions notre voyage, totalement ignorants de ce que nous avions vécu. »

En fait, John ajoutera que John III (son fils) et lui-même, après l’observation de l’ovni du lendemain, avaient vu en elle « une apparition délibérée pour eux et pour eux seuls », un contact très très amical et tout cela en rapport avec ce qu’ils avaient vécu la veille, et dont ils ne se rappelaient encore rien.

C’est en mars 1990 que j'ai appris que cet enseignant d'université avait été la victime d'une de ces invraisemblables expériences de temps manquant suivie, le lendemain, de celle non moins déconcertante de celle d’une observation d’ovni, avec en filigrane le scénario d’une « abduction » : un enlèvement caractérisé par des kidnappeurs sensés venus d’ailleurs. « Enfin un scientifique au cœur du problème », lui ai-je écrit aussitôt, sautant sur l’occasion d’en apprendre un peu plus sur ce genre d’expérience extraordinaire avec le témoignage de cet « abducté » gradué et universitaire ! Et de lui demander des précisions de première main sur son aventure. Avec une gentillesse qu’il convient de saluer ici, le Professeur Salter accepta sans la moindre réticence de faire de moi son confident privilégié et, pendant plus de 5 ans, il ne cessa de me tenir informé, notamment de l’évolution de son « expérience » en rapport avec sa personnalité. Ensuite, hélas, l’éloignement s’est chargé d’interrompre nos échanges et c’est bien dommage.

Outre les souvenirs maintenant revenus, John Salter, n’était pas revenu indemne de cette rencontre ; il gardait - garde selon son interview de l’an 2000 - divers changements qui ont affecté son physique et sa personnalité depuis cette fameuse nuit de printemps 1988. Ses ongles et ses cheveux se sont mis à pousser deux fois plus vite que la normale. Et une certaine pilosité est apparue là où il n’en avait pas auparavant : bras, poitrine ; globalement, son système pileux est plus fourni qu'avant. Ses taches de vieillesse et ses rides ont pratiquement disparu. Des cicatrices qu'il avait avant l'événement (notamment celles consécutive à un accident d’automobile subi en 1963) se sont aussi effacées. De petites blessures nouvelles (coupures, égratignures) guérissent maintenant très rapidement. Il pense que cela est dû à son sang qui coagule mieux. Occasionnellement des taches rouges apparaissent là où ont eu lieu les deux piqûres.

John souligne qu’avant 1988, il n’avait pas porté un quelconque intérêt particulier pour la question ufologique. Suite à son expérience, il va se renseigner sur la question (auprès des organisations ufologiques américaines telles que le MUFON et le CUFOS) pour tenter de comprendre ce qui lui est arrivé ; au point que, plus tard, sollicité par un groupe d’étudiants, il va même donner des cours d’ufologie à l’Université du Nord Dakota et se rapprocher de la fameuse « abductée » Betty Hill et devenir son amie. C’est surtout le caractère interracial du couple Hill qui l’avait intéressé quand, en 1961, comme tout le monde, il en avait lu la relation d’enlèvement dans la presse sans y porter plus d’attention que ça.

Pour John : « L’intérêt vis-à-vis des ovnis et des aliens (extraterrestres) transcende les races, les religions, les politiques… »

John est totalement convaincu qu'il a été de la sorte « choisi » pour ses convictions concernant les causes qu'il défend depuis des décennies: les droits du peuple indien d'Amérique dont il descend (tribu des Abenaki et Mohawk par son père et sa mère). Activiste dans l’âme pour les droits des minorités, notamment celles de la liberté de culte pour les Indiens « native », il a perdu certes la radicalité gauchiste manifestée dans sa jeunesse, au Mississipi dans les années 1960, dont il aime à montrer les photos où on le voit matraqué par la police, photos publiées par les journaux de l’époque et qu’il garde précieusement. Mais il demeure fortement impliqué sur cette question sensible. Il travailla aussi avec Martin Luther King dans le cadre de l'association pour l'avancement des peuples et y acquit une distinction (médaille) en 1989.

Concernant les « aliens » qu’il a rencontrés, outre le fait qu'ils viennent de Zeta Reticuli (là d’où venaient les kidnappeurs des Hill ?), le plus grand des visiteurs lui a fait savoir télépathiquement qu'ils visitent notre planète pour sauver notre société. Ils appartiennent à une race d'humanoïdes amicaux, similaires aux terriens, à la fois intellectuellement et émotionnellement. Leur culture est démocratique et pacifique et ils entretiennent des relations harmonieuses avec les individus et les collectivités.

En bref, John pense que les E.T. ont les mêmes buts que ceux auxquels il se consacre depuis 50 ans : la justice sociale. Leur apparence, selon lui, révélerait-elle leur « sang mêlé » (croisement avec des terriens ?). Il croit qu’ils agissent à plusieurs niveaux : à titre individuel pour aider les gens, et pour plus globalement « sauver le monde ». « Faire de la planète Terre un monde meilleur ! » Ils auraient en tout cas un plan à long terme visant à accoutumer l’humanité petit à petit à la présence sur terre d’une vie étrangère.

« Ce ne sont ni des anges, ni des démons que j'ai rencontrés. Ni des manifestations psychiques, ni des voyageurs temporels. Les êtres que j’ai rencontrés nous aiment. Je le sais ! ».

Fort de cette conviction « humanoïdo-humaniste », il continua son œuvre contre vent et marée même si une certaine pression de l'establishment scientiste ne fut pas étrangère à son départ en retraite anticipé après seulement 13 ans de carrière. En 1995, il a même changé de nom, abandonnant celui de ses parents adoptifs pour reprendre celui de son père amérindien.

La dernière fois que j’ai entendu parler de lui, c’est dans une interview dans UFO Magazine de septembre 2000. Il y décrivait toujours dans les mêmes termes sa fameuse rencontre de 1988 mais cette fois sous le nom de John Gray Hunter, ayant abandonné celui de ses parents adoptifs, des Blancs, qui l’avaient recueilli tout petit.

Il signalait aussi avoir subi une seconde rencontre avec son même fils, en 1997, cette fois à l’Est de Billing, dans le Montana. Cette fois, une des conséquences de cette nouvelle rencontre était qu’il avait dû changer sa paire de bottes car ses pieds s’étaient allongés !

Arguments pour et contre et possibilités de confusion.

Pour : la faible publicité donnée à cette affaire par le principal intéressé et le faible bénéfice qu’il a pu en retirer dans son militantisme en faveur des ses Frères Amérindiens. Au contraire, cela lui aurait même plutôt nui au sein même de l’université où il exerçait son enseignement. Il se défend contre cette thèse ; selon lui, l’hostilité qui s’est manifestée à ses dépens dans son milieu professionnel provenait uniquement de son militantisme libertaire.

Contre : la minceur de son expérience qui, certes, contient quelques étapes clés du scénario classique de l’abduction (temps escamoté, examen médical, pose d’un implant nasal, etc.) mais demeure moyennement documentés eu égard à l’importance qu’elle peut revêtir pour ceux qui en font l’objet.

Confusion : on ne voit guère quelle illusion aurait ainsi amené deux individus « perdus » une heure ou deux sur les routes boisées du Wisconsin à développer de faux souvenirs convergents concernant une fantastique rencontre qu’ils y auraient faite.

Publié dans LE MONDE DE L’INCONNU, n°350, juin-juillet 2011.


Les dernières informations concernant John Salter, alias John Gray Hunter, datent de 2011 : il combattait un lupus un érythémateux disséminé… vaillamment !



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