vendredi 24 novembre 2017

Le « voyage interrompu » de Barney et Betty Hill



« Le cas Hill est un des plus importants cas d’ovnis jamais investigué. »
Stanton Friedman, 2007.


Barney, Betty et Delsey ; tiré de la version
anglaise du livre de J. Fuller (1966).
Le mardi 19 septembre 1961, Barney et Betty (Eunice) Hill, un couple biracial d’Américains, lui Noir de 39 ans employé au service de l’US postal, elle, Blanche, 41 ans, assistante sociale pour enfants, regagnent en voiture leur domicile situé à Portsmouth, Etat du New Hampshire ; leur chien teckel Delsey est sur le siège arrière. Ils rentrent d’une courte période de vacances qui les a conduits à Niagara Falls, Toronto et Montréal, au Québec. Divorcés tous les deux, ils se sont remariés ensemble 16 mois plus tôt et ce court voyage fait office de lune de miel tardive. En fait, Barney a pensé à cette petite escapade car il vient, enfin, d’obtenir sa mutation de travail à Boston, ce qui le rapproche de son domicile (comme ouvrier de nuit au tri à Boston) ; il a posé 4 jours de congé qui ont été acceptés et les voilà partis de Portsmouth, le dimanche, avec 70 dollars en poche.

Tout s’est bien passé y compris la visite des chutes du Niagara que Betty n’avait jamais vues et ils rentrent chez eux un peu prématurément, alertés par l’approche annoncée de la tempête tropicale Esthel sur l’Est des Etats-Unis. Après avoir envisagé de faire escale dans un motel puis finalement y avoir renoncé, ils débouchent de la Nationale 22 en provenance de Sherbrooke ; suite à un bref passage dans le Vermont et une courte halte dans un restaurant de Colebrook pour faire des provisions de bouche, non pour se restaurer (il ne reste pas grand-chose de leur argent), ils roulent sur la Nationale 3 ; tout va bien à bord de leur Chevrolet Bel Air bleue de 1957. Au volant, Barney entonne une chanson populaire.

Quelques minutes après minuit, alors qu’ils traversent les « Montagnes Blanches », une zone désolée et inhabitée, après la ville de Lancaster et en direction de Whitefield via Lincoln, Betty remarque, à travers la vitre remontée, quelque chose qui brille dans le ciel étoilé non loin de la lune présentement presque à son plein.

Elle pense tout d’abord avoir affaire à une étoile filante mais révise son opinion en voyant la lumière faire un arrêt dans le ciel ; puis celle-ci repart et semble se déplacer ; Betty fait part de son observation insolite à son mari qui, lui, réputé pragmatique, penche plutôt en faveur d’un de ces satellites artificiels qu’ont commencé à lancer l’Amérique et les Soviétiques depuis quelques années.

Betty reste intriguée par cette étrange lumière qui paraît se rapprocher d’eux car sa taille ne cesse d’augmenter. Elle propose de faire un arrêt pipi pour le chien et, en même temps, pour statuer sur cette lumière qui, très clairement, se dirige dans leur direction. Barney stoppe la voiture, et Betty sort le chien en laisse qui satisfait à ses besoins ; puis elle regagne le véhicule que n’a pas quitté Barney pour s’emparer d’une paire de jumelles 7 x 50 de marque Crescent qu’ils ont emporté avec eux à des fins touristiques ; mais l’observation rapprochée ne révèle rien de plus qu’une simple lumière et Betty réintègre la Chevrolet avec le chien ; ils poursuivent leur route vers le Sud.

Comme les hypothèses invoquées ne collent pas vraiment à cette lumière (qui persiste à être visible, change de vitesse et de direction, devient plus brillante, plus proche, un peu comme si elle les narguait délibérément), Barney garde un œil sur ce mystérieux point lumineux, ralentit plusieurs fois pour mieux voir et finalement s’arrête à nouveau ; l’inquiétude le gagne : il s’extrait de l’habitacle et récupère sous le tapis du coffre de la « Chevy » un pistolet calibre 22 dont ils s’étaient muni en cas de nuit à passer dans la voiture ; après observation, il repart. Pour la première fois, ils ont le sentiment d’être « observés ».

Près de Cannon Mountain, la lumière exécute une abrupte série de manœuvres et Barney freine pour s’immobiliser dans une aire à pique-nique ; il sort à nouveau et exprime tout haut une suite d’explications possibles : un avion commercial dans son couloir pour rejoindre le Canada, un « Piper Cub » plein de chasseurs ou, peut-être même, un hélicoptère ? Betty lui fait part de ses objections à chacune de ses éventualités : le vol non conventionnel, la configuration lumineuse et surtout ce qu’ils voient est totalement silencieux !

Impressionnés, ils braquent à tour de rôle les jumelles en direction de l’ovni (c’en est un assurément) et distinguent maintenant une forme derrière une source lumineuse nébuleuse, comme un fuselage sans aile avec des lumières clignotantes sur les côtés.

Le chien se met à gémir et Betty le reconduit dans l’automobile ; à partir de ce moment Barney se persuade que l’objet lumineux tourne autour d’eux et ceci de plus en plus près.

Après plusieurs haltes successives, dont une au lieu-dit touristique « The Flume » (Le ravin), Betty, qui continue de surveiller la lumière aux jumelles et distingue des détails, s’écrie : « Arrête-toi, crie-t-elle à Barney, nous n’avons jamais vu ça de notre vie ! »

Le couple Hill et Delsey avec les dessins
de la soucoupe et des deux entités.
Barney s’immobilise cette fois sur la chaussée en plein milieu de la Nationale au lieu-dit « Indian Head » du nom d’une formation de granit au profil évocateur. Le disque circulaire aplati est stationné à 30 m d’altitude juste devant eux. Barney, pistolet en poche, se saisit des jumelles et s’avance puis pénètre dans un champ lorsque l’objet lumineux fait un arc pour aller se placer au-dessus (30 mètres d’altitude, selon eux) d’un bouquet d’arbres1/ : il distingue maintenant à l’œil nu un engin énorme de 20 à 25 mètres de diamètre avec une double rangées de hublots tout autour éclairés de l’intérieur d’une lumière froide bleu clair. Comme il continue de s’approcher, deux lumières rouges s’allument au bout de deux structures sorties de chaque côté de l’engin (comme des ailerons) qui s’inclinent devant Barney. L’homme porte ses jumelles à ses yeux et reste stupéfait : derrière les hublots de la « crêpe » brillante, un groupe d’individus l’observent : des personnages humanoïdes (trapus, au nez large et à la peau grise, apprendra-t-on plus tard) en habits sombres brillants à l’allure guindée (comparaison avec le maintien d’officiers allemands !) qui, tandis que l’engin descend et s’approche encore, rentrent à l’intérieur… sauf un qui fixe Barney, lequel acquiert l’immédiate impression qu’il est en danger « d’être arraché du champ » où il a pénétré !

Barney tourne bride et rejoint en courant la Chevrolet dans laquelle Betty le voit entrer essoufflé, tremblant, dans un état proche de l’hystérie. Et qui lance en substance : « Faisons fissa sinon ils vont nous capturer ! »

Comme Barney a démarré sur les chapeaux de roue, l’ovni s’est déplacé pour venir se placer juste au-dessus d’eux et c’est alors que depuis l’habitacle, ils perçoivent une sensation de vibration pénétrante avec un bruit décrit comme une bizarre série de « bip-bip » qui fait trembler la carrosserie.

Un peu plus loin, au bas d’une descente, nouvelle série de « bip-bip » et, resté dans leur esprit, le vague souvenir d’avoir rencontré un barrage routier avec un globe lumineux énorme rouge orange et le sentiment d’un contact humain…

Finalement, après un trajet où Barney a conduit comme un automate ne songeant même plus qu’ils avaient projeté un arrêt dans un restaurant ouvert à Concord, ils regagnent directement Portsmouth et arrivent chez eux à l’aube vers 5 heures du matin. En fait, le voyage, après son « interruption », a duré deux heures de trop compte tenu de la distance parcourue car ils n’ont tout de même pas roulé à 30 km/heure !

Rentrés dans leur appartement, ils allument les lumières et se ruent à la fenêtre pour regarder le ciel ; comme si l’ovni avait pu les suivre jusque-là : heureusement non ; certes, ils ont retrouvé leurs esprits mais ne se souviennent de pas grand-chose de ce qui s’est passé réellement pendant ce « voyage interrompu » si ce n’est ce qui vient d’être narré. Ils ont eu deux heures de « temps manquant » et ne garde aucun souvenir de ce qui s’est passé pendant : une sorte d’« amnésie à deux » !

Au bout d’un moment, Barney laisse tomber : « C’est la chose la plus bizarre qui me soit jamais arrivé ». Tous les deux sont très calmes, voire tranquilles et relaxés : bizarre après ce qu’ils ont vécu.

Betty, le lendemain, téléphone à sa sœur Janet (la mère de K. Marden) et lui raconte leur rencontre avec cet objet volant au vol « erratique » et « suiveur ». Elle signale que chaque tentative de se rappeler ce qui s’est passé plonge son mari dans l’effroi le plus total. Il a perdu sa joie de vivre et sombre dans un état contemplatif. Quant à elle, pas mieux renseignée sur ce qui leur est arrivé, elle a commencé d’avoir une série de rêves récurrents cauchemardesques où elle se retrouve avec Barney, transportés à bord d’un étrange appareil, avec des humanoïdes lui font subir un examen physique approfondi…

L’état de santé de Barney ne s’améliore pas – il se demande s’il n’a pas eu des hallucinations –, il développe divers troubles : maux de tête, insomnies, hypertension, anémie, ulcère. Il bénéficie de 3 mois d’arrêt de travail. L’homme ne « répondant » pas aux médicaments, un trouble émotionnel est envisagé donc intervention d’un psychiatre qui, finalement leur conseille, chez un collègue spécialiste de la chose (en dentisterie !), l’hypnose médicale, proposition accueillie avec enthousiasme par Betty, obsédée par ses cauchemars qui continuent…

Tous les deux se retrouvent ainsi en juin 1964 dans le cabinet d’un psychiatre du nom de Benjamin Simon, lequel propose l’hypnose pour « réveiller » leurs souvenirs ainsi « emprisonnés ». Ils sont ainsi « régressés » séparément jusqu’à cette fameuse nuit de septembre 1961 ; et, comme s’il s’agissait bien d’une expérience vécue ensemble et ensuite occultée, ils racontent tous les deux le même scénario d’une rencontre fantastique avec des créatures vêtues de noir, aux yeux en amande, et d’une soumission à des examens anatomiques avec prélèvement d’échantillons dont le plus traumatisant fut respectivement celui d’une grande aiguille enfoncée dans le nombril de Betty pour « un test de grossesse » et un examen « génital » de Barney avec « prélèvement ». A noter qu’à cette époque les ponctions du type amniocentèse ne sont pas encore pratiquées couramment dans les hôpitaux. Ainsi, ces créatures sont-elles en avance sur leur temps pour cette opération alors qu’elles semblent incapables de faire fonctionner la fermeture éclair de la robe de Betty qui doit leur montrer comment faire et demeurent interloqués devant les fausses dents de Barney (il en porte depuis 1944 quand il a eu un accident avec une grenade) ?

Ainsi, ils révèlent les étapes d’une même étonnante aventure qu’ils auraient vécue durant ce « trou » de deux heures, embarqués à bord d’un ovni, « partiellement immobilisés », soumis par des êtres à tête chauve et mongolienne à divers examens physiques médicaux. « Ce fut une expérience qui changea ma vie », déclare-t-elle.

Reproduction d'un ET kidnappeur des Hill.
Au fur et à mesure, ces réminiscences induites sous hypnose vont reconstituer une extraordinaire aventure, la première du genre du moins dans ses différentes phases. Déjà se pose à l’époque la question de la réalité de cette expérience oubliée puis ramenée en surface par la technique hypnotique. C’est pourquoi, je me suis focalisé ici sur les souvenirs conscients supposés plus « solides ».

Mais Betty ne s’est pas laissé démonter par les doutes affichés à son encontre. C. Sagan (1934-1996), le fameux astrophysicien, qui n’est pourtant pas tendre pour les abductés, raconte les avoir rencontrés ainsi que le Dr Simon. Et de reconnaître leur sérieux et leur sincérité ainsi que le sentiment mitigé devant le fait qu’ils devinrent des « figures publiques » (A. J. Hynek (1910-1986) les rencontra aussi) dans des circonstances plutôt bizarres. Le Dr Simon, quant à lui, se porte garant qu’ils n’ont pas menti. « Les Hill ont eu une expérience qui s’apparente à une espèce de rêve », précise-t-il.

Les époux Hill en 1965.
Betty, quant à elle, continue ultérieurement des observations ovni et les fait partager à tous ceux qui, en pèlerinage, visitent le champ derrière sa maison de Portsmouth. Deux à cinq fois par semaine, elle y scrute l’azur étoilé et voit des lumières que d’aucuns attribuent à des avions. Elle prend des photos. Betty reste sereine dans ses convictions ; elle prétend être en contact avec les pilotes des ovnis auxquels elle alloue la faculté de se déguiser en engins aériens familiers. D’aucuns argueront qu’elle « cède à son enthousiasme subjectif » et se décrédibilise.

L’histoire sensationnelle de ce kidnapping d’un couple d’Américains par une soucoupe volante parut en feuilleton dans la revue « Look ». Un livre à succès lui assura une couverture mondiale. Elle est considérée comme le facteur déclenchant de cette vague d’enlèvements présumés par des ETs qui se perpétue encore aujourd’hui aux Etats-Unis et qu’on range pudiquement dans la catégorie des contacts du 4ème type.

Barney mourra subitement d’une hémorragie cérébrale en 1969, ce qui n’empêchera pas Betty de continuer inlassablement à raconter sa fantastique aventure jusqu’à sa « retraite » ufologique en 1991 et même après jusqu’à sa mort survenue en 2004. Elle était devenue une figure emblématique, une « légende » de l’ufologie américaine.

Arguments pour et contre et possibilités de confusion.

Pour : les « traces » physiques de la « rencontre » à savoir :
v       Les taches « magnétiques » de la taille d’une pièce d’un demi-dollar sur le coffre de la Chevrolet atténuées par l’impossibilité physique décrite selon laquelle une boussole, posée dessus, se mettait à tourner toute seule (!),
v       Les taches de matières végétales sur les pantalons de Barney et le dessus de ses chaussures éraflés ; les déchirures de la robe de Betty et la poudre rose trouvée dessus dont les analyses suggérèrent la présence d’une « substance biologique anormale »,
v       Les deux montres des témoins arrêtées au moment crucial et constatées irréparables,
v       Le chien Delsey qui, consécutivement à l’incident, souffrit de mycoses et de troubles internes.

Schéma des Hill (O) et carte de M. Fish.
Contre : en 1964 à une séance d’hypnose, Betty, soucieuse de lever l’ambiguïté qui pèse sur l’objectivité de son histoire « remémorée », raconte avoir demandé au « chef » des extra-terrestres kidnappeurs « quelque chose afin de prouver que tout cela a été bien réel ». Ainsi, une carte lui est montrée qu’elle parvient alors à se remémorer et reproduire et qui prétend représenter le système stellaire (vu de là-bas, pas d’ici !) d’où sont originaires les preneurs d’otage célestes (leurs kidnappeurs) avec les « routes d’expédition ».



Marjorie Fish (1932-2013).
Une institutrice de Oak Harbor, Marjorie Fish, astronome amateur, ayant tenté de trouver à quoi peut correspondre le schéma tracé par Betty, travaille (pendant plusieurs années) sur le catalogue alors disponible des étoiles proches : en 1966, elle annonce avoir identifié, grâce à un schéma reconstitué en 3 dimensions, l’astre natal des créatures : Zeta Reticuli à 39 années-lumière de la Terre ! La caution scientifique à cette trouvaille est même apportée par une revue professionnelle de grand renom comme Astronomy, en décembre 1974. Seul problème, la deuxième étoile de la carte des Hill n’existe pas dans le catalogue.

Mais en 1981, Daniel Bonneau, astronome français, montre par interférométrie que Zeta Reticuli est, en réalité, une étoile double ! Les données plus récentes du satellite Hipparcos confirmeront cette particularité. Ainsi, certains y verront une confirmation du schéma indiquant le lieu exact d’où provenaient les ET aux gros yeux aperçus par les Hill. D’autres argueront qu’un tel système stellaire binaire est très peu susceptible, à la lumière des connaissances astronomiques actuelles, d’abriter des planètes habitables telles que la Terre.

Aux dernières nouvelles (2008), un Australien, Brett Holman, ayant accédé aux données online de l’observatoire astronomique de Strasbourg (SIMBAD), prétend que 5 étoiles au moins du schéma de M. Fish doivent être « rejetées » parce que situées à des distances qui ne sont pas celles prises en compte par l’institutrice. Si bien que l’image qu’elle en avait déduite en trois dimensions ressemblant au schéma des Hill n’a plus de raison d’être avec « toute la rigueur scientifique nécessaire » tel que vu de l’étoile Zeta Retculi. « Goodbye Zeta Reticuli » titrera-t-il son article paru dans le Fortean Times, n°242 de novembre 2008.

Confusion :
Les théories visant à banaliser l’affaire Hill n’ont pas manqué : par exemple celle du projecteur de publicité bizarrement situé dans une zone déserte (!) ; celle aussi très à la mode à l’époque d’un effet d’inversion de température dans les couches de l’atmosphère ; et bien sûr, la vision nocturne de la planète Jupiter ! Quant aux rêves de Betty qu’elle aurait raconté à Barney et ainsi « partagés », ils lui auraient été suggérés par un livre de D. Keyhoe [1897-1988] (vérifié faux) ou une émission de TV à la mode « Twilight Zone ».


Note :
1/ Ces détails du récit conscient des Hill ne furent pas mentionnés dans le livre qui popularisa cette affaire, à savoir celui de John. G. Fuller, « Le voyage interrompu », publié en 1966 et traduit en français en 1982. Ils proviennent de deux mises à jour récentes publiées toutes les deux en 2007 : l’une de l’ufologue scientifique Stanton Friedman, « Captured ! », utilisant des notes personnelles de Betty retrouvées après sa mort par sa nièce, Kathleen Marden, elle-même coauteur du livre, et l’autre de Dennis Stacy, ufologue américain, incluse dans la version « revisitée » de l’enlèvement des Hill intitulée « Encounters at Indian Head », éditée par Karl Pflock et Peter Brookesmith, suite à une réunion privée en septembre 2000 au New Hampshire rassemblant aussi bien pro- que anti-Hill et ayant eu comme invitée Betty.





Publié dans LE MONDE DE L’INCONNU, n°345, août-septembre 2010.



























vendredi 10 novembre 2017

L’étrange accompagnateur du vol 1628 (1987)


        « La plus importante histoire d'ovni de notre temps », écrivait l'Inquirer de Philadelphie. « La plus bizarre observation aérienne de l'histoire de l'aviation », renchérissait le Daily News d'Anchorage, tous les deux en date du 5 janvier 1987.
  
Dessin humoristique de la rencontre de Terauchi selon l'Inquirer de Philadelphie.
« Rien d'anormal, c'est juste comme dans les films. »
 Voyons les faits.

Lumières à l’horizon
Nous sommes le 17 novembre 1986. Un Boeing 747 de fret des Japan Air Lines (JAL), parti de Paris et ayant fait escale à Reykjavik, Islande, se dirige vers Tokyo via Anchorage au dessus de la Mer de Beaufort, sur la côte nord de l'Alaska. Le temps est clair et le vol 1628 a été jusque-là sans le moindre incident. Il transporte, entre autres, des bouteilles de Beaujolais, ce qui inspirera les médisants !

Il est 18 h 13, heure locale, et le crépuscule s'installe. Le soleil a disparu à l'horizon (il est à 11 degrés en dessous) quand le pilote, Kenju Terauchi, 47 ans, repère à gauche, au loin, à l'avant de l'appareil, « deux lumières clignotantes » dont il estime être séparé de 11 à 12 km environ. « Sûrement des avions de chasse ou des jets en mission spéciale », pense-t-il.

Mais au lieu de s'éloigner, les feux tantôt blancs, tantôt jaunes, demeurent en position à 600 mètres au dessous de l'avion. Il est 18 h 19 quand Terauchi décide d'alerter par radio les contrôleurs radar du trafic aérien de la FAA (Administration Fédérale de l’Aviation US) à Anchorage.

Carl Henley, technicien, est devant son écran, 10 km plus bas et il entend le copilote Takanori Tamefuji, qui, lui aussi, voit des taches brillantes, demander : « Eh, nous avons là-bas en vue deux lumières devant nous... »

Avant même qu’il puisse répondre qu’aucun appareil n’est sensé se trouver dans les parages, les deux points lumineux commencent à « manœuvrer ». « Comme deux jeunes oursons jouant l’un avec l’autre », dira plus tard Terauchi !

Et ils viennent se placer devant l’appareil, à moins d’un kilomètre de distance, lançant des jets flamboyants au point que le pilote a une sensation de chaleur sur le visage à travers le cockpit. Il évalue leur taille à celle d’un DC 8. Mais ils n’en ont aucunement la forme. Celle-ci ne rappelle rien de connu : ce sont « deux cylindres enveloppés de raies de lumière pointillées latéralement qui partent d’un centre plus sombre ».

Dessin de Terauchi selon People Weekly du 28 janvier 1987.

« Comme du charbon de bois piqueté de cendres ardentes et incandescentes. » Et tout cela se déplace « en formation » avec le jumbo jet à 900 km/h, « comme contrôlé par me intelligence » (Terauchi).

En bas au sol, les contrôleurs ne voient rien d’autre sur l’écran que le 747.

Mais voilà que les objets lumineux s’éloignent vers la gauche et disparaissent. On respire à bord, ayant craint un moment la collision.

C’est alors qu’un spot s’inscrit sur le radar de bord de l’avion, à gauche encore. L’équipage regarde dans cette direction. « Quelque chose » est là en effet qui semble suivre l’appareil : « une grosse bande de lumière blanche brillante ».

La voix du pilote est, cette fois, secouée de tremblements. Les contrôleurs focalisent leur radar pour mieux voir. Une image apparaît sur l’écran, précisément là où le pilote a signalé l’objet. La base militaire de l’Air Force de Elmendorf alertée, confirme l’observation. Il est 18 h 26.

« Un gigantesque objet nous suit. »
Comme l’avion survole Fairbanks, le halo lumineux montant de la ville permet au pilote d’avoir une meilleure vision de l’objet : c’est une gigantesque masse vert sombre « en forme de noix barrée par le milieu horizontalement d’une bordure éclairée comme un tube néon ». Sa taille : « environ celle de deux porte-avions mis bout à bout ». Donc de 180 à 200 mètres !
Dessin de Terauchi.
 Pour essayer d’échapper à ce formidable ovni qui les suit, Terauchi obtient des techniciens de la FAA l’autorisation d’abaisser son altitude de un kilomètre. L’objet descend en même temps. Toujours avec l’aval des contrôleurs au sol qui ont perdu le spot radar correspondant au compagnon du 747, l’avion vire à droite deux fois à 45 degrés puis complète un retournement complet sans que son fantastique « suiveur » ne modifie moindrement sa position relative ; ce qui a demandé une grande vitesse d’exécution si vraiment l’ovni se trouve entre 8 et 13 km (calcul basé sur l’observation radar au sol).

Deux autres avions qui croisent dans le secteur - un des United Lines venant de décoller d’Anchorage et un cargo Totem C-130 - sont avertis de l’aventure et ils se dirigent vers l’appareil du JAL. Arrivés en vue de celui-ci - ils ne verront pas l’ovni - la barre lumineuse « s’est éteinte ». Ne reste que le clair de lune. « C’était comme dans un rêve. Incroyable », rapporta Terauchi. Il est 18h 53.

La poursuite a duré au total 40 minutes et s’est étalée sur près de 600 km.

Le black-out échappé de justesse
Lorsque l’avion se pose à Anchorage quelques minutes plus tard, l’équipage des trois hommes - il faut ajouter au pilote et copilote l’ingénieur de vol Yoshio Tsukuda - est longuement entendu par les responsables de la FAA.

Cela, on l’apprit bien plus tard car rien de l’incident ne filtra dans les médias. Et il est probable qu’on n’en aurait définitivement rien su si la FAA n’avait pas été harcelée par des reporters japonais, lesquels avaient eu vent de l’affaire par un des parents des pilotes.

L’histoire fut donc rendue publique le 1er janvier 1987. Beau cadeau de Nouvel An pour tous les ufologues du monde entier qui ne se firent aucune illusion : « on va tout faire pour « tuer » cette rocambolesque histoire », prédisait l’un d’eux.

Aussitôt dit aussitôt fait.

Fi de l’accusation de rétention de l’information: « Nous n’avons pas voulu répandre la nouvelle » , déclarera Paul Steucke, porte-parole de la FAA.

« Notre rôle est d’informer le public du bon travail de la FAA, pas des choses bizarres de l’espace » ! Le ton était donné.

En ce qui concerne les enregistrements radar du 17 novembre, ils furent « réexaminés ». Et il se révéla que le fameux blip capté par la FAA n’était qu’un écho du vol 1628 lui-même - il paraît que cela arrive souvent, un « objectif primaire non corrélé », en d’autres termes un artefact, un fantôme quoi ! Et le spot observé au même moment sur les radars de l’Air Force était, pour sa part, un « objectif anormal ». En clair, les contrôleurs de la FAA avaient mal interprété un dédoublement de l’image de l’avion et les militaires avaient fait une malencontreuse confusion... Et ceci malgré les propos de Sam Rich, l’un des trois radaristes de la FAA qui, comme ses collègues témoins du phénomène, « avait bien cru que c’était l’image radar d’un engin volant ».

Certes, ce double concours de circonstances était quand même extraordinaire ; Steucke, ironique, dira : « une coïncidence de deux mirages avec une observation certainement hallucinatoire... »

La machine à démystifier en marche
En effet, bien que reconnu comme qualifié, à jeun et non drogué  (il ne put s’empêcher de dire qu’un moment, il avait pensé que ses poursuivants « voulaient boire le vin français ! » - , le pilote Terauchi apparut comme ayant un lourd passé ufologique : n’avoua-t-il pas avoir vu, au cours de ses 27 ans de carrière, déjà deux ovnis ? Et sa sale habitude parler de « vaisseaux spatiaux » ou de « vaisseau-mère » pour désigner ce qu’il avait cru voir dans le ciel ne pouvait qu’attiser la suspicion.

De surcroît, voilà que le 11 janvier 1987 au matin, lors d’un vol Londres-Anchorage, Terauchi rapportait une deuxième « rencontre », l’impudent !

Le pilote Terauchi.
Et à peu près au même endroit, il décrivait « des lumières irrégulières ressemblant à celles d’un vaisseau » (le vocabulaire américain du Japonais était décidément très limité).

Cette fois, les contrôleurs radar ne confirmaient pas l’observation.

Et Paul Steucke pouvait avancer tranquillement l’hypothèse quasiment certaine « de lumières venant du sol réfléchies sur des cristaux de glace dans l’atmosphère » (thèse dérivée de la fameuse explication des ovnis par une inversion de température dans les couches nuageuses).

Terauchi acceptait d’ailleurs cette interprétation sans rechigner, reconnaissant qu’il avait pu se tromper. Depuis, il a été muté (rotation de routine selon les AL) à Tokyo pour des vols de jour (!) après avoir passé 3 ans à Anchorage où il utilisait son temps libre à pêcher le saumon rouge... Mais je parie que ce hobby lui a passé brusquement...

Philip K. Klass (1919-2005).
Le point final à cette affaire avait été porté par Philip J. Klass, un acharné dénonciateur de faux ovnis, décédé depuis. Selon lui, « il est presque sûr que l’objet vu par Terauchi était extraterrestre et sa taille colossale ». Et pour cause, c’était très certainement la planète Jupiter brillant d’un éclat inaccoutumé. L’ancien éditeur de la revue : Aviation Week & Space Technology était parvenu à cette conclusion au terme de savants calculs sur ordinateur quant aux positions des corps célestes par rapport au Boeing, en cette soirée mémorable du 17 novembre.

Et ce devait être la planète Mars qu’on avait confondue avec les deux premiers ovnis. « Ce n’était pas la première fois qu’un pilote expérimenté prend un corps céleste pour un ovni et sûrement pas la dernière » (sic).


Enquête officielle
La FAA rendit public , le 5 mars 1987, le résultat de son enquête de 3 mois qu’elle avait rouverte en janvier sous la pression de l’opinion: 400 demandes de copies des documents radar vendus au prix de 200 dollars. Elle confirmait tout ce qu’on a dit plus haut : vision radar erronnée « malheureusement apparue juste quand le pilote rapportait voir quelque chose à l’extérieur de son avion ! »

« La conclusion est qu’on ne peut conclure », affirmera textuellement Paul Steucke. « On ne peut rien confirmer ni infirmer. Il n’y a plus rien à investiguer ».

P. Steuke révélait quand même que la FAA avait divulgué une autre observation par un autre équipage des Alaska Air Lines, au-dessus de McGrath, le 29 janvier repéré sur le radar atmosphérique de l’appareil : une cible qui se déplaçait à 500 km/minute (30 000km/heure) mais qui ne fut pas repérée visuellement ni par les radars au sol. L’agence avait interrogé les pilotes mais « ne s’était formé aucune opinion » sur cette nouvelle observation. Sûrement la même que sur la précédente.

Plus de vingt ans après, ce cas spectaculaire a été bien sûr oublié. Il n’empêche que l’observation de ces « vaisseaux-mères » encombre les annales de l’ufologie ; on parle le plus souvent d’engins aussi grands qu’un terrain de football. Le dernier en date est récent puisqu’il a été rapporté par l’équipage d’un vol des Aurigny Airlines le 23 avril 2007 : un ovni géant d’un miles de long, selon le capitaine Ray Bowyer qui l’observa avec ses jumelles de bord. « C’était un objet très net, mince et jaune avec une zone verte ».

« Il était à 600 mètres d’altitude et à une distance que j’estimai tout d’abord à une quinzaine de km ; ainsi, sa taille aurait été celle d’un Boeing 737. Mais le pilote réalisa que la distance était plutôt de 6 km, d’où il rajusta sa taille de l’ordre 1 miles ».  A l’approche de Guernesey, « un second objet identique fut observé plus loin à l’Est ».

Les observations furent confirmées par plusieurs passagers et par un pilote non identifié d’une autre compagnie aérienne. L’autorité de l’aviation civile (CAA) confirma l’observation mais ajouta qu’elle ne savait pas pourquoi certaines parties du rapport n’avait pas été publiées.

Décidément, il se passe quand même des choses dans le ciel, comme l’a souligné la réunion de pilotes à Washington le 12 novembre 2007.


Initialement publié sous le titre « Enorme ovni, au dessus de l’Alaska », DIMANCHE S. & L.,  1er novembre 1987.
Version abrégée publiée en « best »,  DIMANCHE S. & L., 15 Juillet 1990.
Version augmentée titrée : « L’étrange accompagnateur du vol 1628 », in LE MONDE DE L’INCONNU, N°333, août-septembre 2008.

Dernière mise à jour : 16 juillet 2009.




L’héritage des extra-terrestres
Ou panorama de la médiumnité moderne


Le 1er mai 1974, j’écrivais à M. Gallet, directeur littéraire chez Albin Michel et responsable de la collection « Les chemins de l’Impossible » : « J’accumule en ce moment la documentation pour un prochain ouvrage dans lequel je m’attaquerai au phénomène psi et l’ESP. Il s’agira de : Le Legs des Extra-terrestres. »

Après quelques échanges téléphoniques intermédiaires, le 22 mars 1976, soit deux ans plus tard, M. Gallet me répondait : « Le nouvel ouvrage que vous m’annoncez « Le Legs des Extra-terrestres » me paraît intéressant. »

Et le 22 septembre 1976 : « Ce que vous m’annoncez me fait attendre avec un vif intérêt votre nouvel ouvrage : « Le Legs des Extra-terrestres ».

Le contrat d’édition était signé le 16 décembre 1976, sous ce titre.

Dans une lettre datée du 14 janvier 1977, M. Gallet me disait : « Le legs des ET (je crois que L’héritage des ET serait un meilleur titre) est repoussé à la rentrée… » Ceci à cause, en partie, de la parution de « Des Sous-dieux au Surhomme » sorti en juillet 1977.

La sortie de « L’héritage des Extra-terrestres » se fit donc le 3 novembre 1977.



Voilà la préface de ce livre :

L’Homme possède en lui des qualités qui ne ressortissent guère à sa nature autochtone. L’Homme semble courir après des facultés perdues dont il sent les potentialités sous-jacentes et dont il sait inconsciemment la transcendance. D’où cette incessante aspiration à se surpasser, à mettre en défaut les critères carrés de la science par des faits dits « paranormaux », inexplicables dans les schèmes actuels du matérialisme vieillissant. La magie et la religion n’entretenant plus aucune espèce d’engouement, il incombe aux disciplines psychiques de prendre le relais et, comme le soutient le docteur J.-B. Rhine, de non seulement conduire l’humanité à une « meilleure compréhension de l’homme », mais de « sauver la spiritualité ». Le monde moderne tend à assimiler l’être humain à une mécanique bien huilée, dont les rouages sont bien connus, dénués de tout mystère dans un milieu qui fait de moins en moins de part à l’individualité. Les statistiques appliquées aux réactions humaines cherchent à définir un archétype et ne portent aucune sorte d’intérêt aux singularités qui, dès lors, disparaissent et sont escamotées.

Une classe d’individus se situe en marge de la société : ce sont les médiums. C’est à eux que revient le devoir d’« émanciper l’humanité » prétend Peter Maddock, cofondateur de l’Institut de parascience. Non contents de graviter autour d’un public crédule qui leur assure, sinon la fortune, tout au moins des subsides plus que suffisants (on apprend qu’en Angleterre, un médium gagne au minimum 000 F par mois !), certains « ténors » en la matière forcent les portes des universités pour faire valoir leurs compétences et les faire authentifier par les nouveaux inquisiteurs de notre siècle : les scientifiques. Et contre toute attente, ces derniers se laissent prendre au jeu, abandonnant leurs occupations solennelles et sérieuses pour se livrer à des investigations honteuses des différents aspects de la médiumnité. Cet intérêt subit est une preuve manifeste du malaise qui s’installe au sein de certaines disciplines scientifiques.
Les facilités pécuniaires accordées aux médiums, leur accès à une célébrité certes toute relative mais qui peut flatter les esprits primaires, attirent dans leur sillage une horde de faux prophètes, simulateurs invétérés qui hantent la parapsychologie de leurs personnalités équivoques. Et ces opportunistes, peu soucieux de l’avancement d’une parascience à laquelle ils ne croient même pas, font souvent preuve d’une telle dextérité dans la supercherie qu’ils accèdent, grâce à leurs prodiges « plus vrais que nature », aux premiers rangs de la science psychique.

Après Terriens ou Extra-terrestres ? (1) et Extra-terrestres en exil ! (2), voici donc maintenant l’Héritage des Extra-terrestres, qui s’attache à décrire des exemples récents du paranormal humain, tout en essayant de dénoncer certaines manifestations de la « mafia psychique », selon l’expression de Lamar Keene. Celle-ci, dont le budget aux U.S.A. se chiffre en millions de dollars (!), s’appuie sur la crédulité innée de l’homme, tout en disposant de toutes les subtilités actuelles de la technique de pointe : miniaturisation, électronique, etc. Cette « mafia » laisse dès lors planer sur tout exploit, si extraordinaire soit-il, un doute désagréable qui risque de gangrener à mort la parapsychologie, ou alors d’en faire une « science orpheline ».

Suivant une tendance à la mode, nous ne voulons pas enfin nous transformer en démystificateurs ; nous laissons cette tâche souvent indigne à quelques auteurs qui y prennent un évident plaisir, disproportionné à l’œuvre de salubrité publique derrière laquelle ils se retranchent. Notre unique intention est de distraire en informant ceux qui le désirent des dernières énigmes du paranormal. En tant que membre de plusieurs sociétés dont la vocation est d’étudier l’étrange, nous voulons faire profiter nos lecteurs de ce vaste réseau de documentation et des informations qui nous parviennent des quatre coins du monde.

Telle est notre seule vocation.

(1) Terriens ou Extra-terrestres ? Michel Granger, Albin Michel, 1973.
(2) Extra-terrestres en exil ! Michel Granger, Albin Michel, 1975.

Et voilà sa table des matières.






Et je terminais ce livre par cette postface appelant une suite qui ne viendra que 40 ans plus tard (3).

Nous voici donc parvenus au terme de notre survol des phénomènes récents de la médiumnité physique. Comme nous le laissions entendre, il ne s’agit point des restes d’une époque périmée, mais les faits relatés dépassent par bien des aspects les prodiges enfantés par ce siècle naissant. La chasse à la fraude est aujourd’hui menée rondement et l’observateur dispose de maints instruments, plus sûrs que l’œil humain, pour en garantir l’authenticité. Les phénomènes qui résistent donc à la critique n’en sont que plus merveilleux et prennent là, à l’échelle humaine, leur pleine dimension ; tout accrédite que les facultés dont d’aucuns sont légataires, leur viennent d’un monde où les critères physiologiques des créatures pensantes sont tout autres que sur notre Terre.

Tous ces exploits, tous ces miracles inhérents à la face cachée de l’homme, n’en sont cependant pas moins humains ; gageons qu’ils ne disparaîtront qu’avec l’extinction de l’espèce. Le docteur Stanley Dean, professeur de psychiatrie à l’université de Floride à Miami, n’écrit-il pas, dans son livre Psychiatry and Mysticism : « En tant que savant qui connaît la médecine et la psychiatrie et qui a étudié les phénomènes psychiques depuis des années, je peux formuler la conclusion à savoir que l’homme préhistorique utilisait l’E.S.P. et d’autres pouvoirs paranormaux pour survivre dans un monde aussi rude qu’il nous est impossible de l’imaginer [...]. Ce que nous appelons aujourd’hui faculté extra-sensorielle était régulièrement employé par l’homme des cavernes et faisait partie intégrante de son salut. Il usait du radar psychique, lequel le préparait à éviter et contrecarrer les dangers imminents. Je pense qu’il a dû faire montre de suggestion pour se guérir lui-même. » Cette persistance de caractères psychiques dans l’homme moderne nous permet de donner rendez-vous à nos lecteurs pour d’autres recueils de faits paranormaux qui ne cessent de se produire, même à l’heure où nous écrivons ces lignes. Néanmoins, comme il n’y a pas pour un auteur de joie plus grande que celle d’apprendre qu’il est lu, autrement que par les relevés de compte de son éditeur, c’est-à-dire par le contact direct, nous prions instamment ceux qui ont quelques commentaires à faire sur nos ouvrages passés, ceux qui ont des suggestions pour parfaire les prochains et surtout ceux qui ont été témoins de manifestations paranormales et désirent nous en faire part, de ne pas hésiter à nous écrire par l’entremise de notre maison d’édition. Résidant définitivement en France, nous leur répondrons, qu’ils s’arment de patience.

Sur ces souhaits sincères, prenons congé...

Le 4 octobre 1976.


(3) Cette « suite », si elle voit le jour – pour l’instant, elle ne fait qu’encombrer mon ordinateur -, prendra la forme de trois gros volumes bourrés de notes et de références. Cette monstrueuse compilation commencée en l’an 2000 concerne l’histoire (je l’ai intitulée « La Saga ») de l’ectoplasme depuis son apparition jusqu’à nos jours. L’ectoplasme, cette mystérieuse substance « psychique », qui ne cessa, depuis sa première apparition, en 1871, à alimenter la controverse : matière spirituelle ou bien illusion ? En 2006, je me suis rendu en Angleterre où j’ai eu le privilège de voir le phénomène tel que produit par un médium physique encore en activité. Cette expérience m’incite donc à penser à sa réalité. C’est pourquoi je me suis imposé ce gros travail d’examen de presque tous ces témoignages qui constituent un impressionnant dossier en sa faveur même si la preuve définitive de son existence n’a encore pu être apportée.


Dans La Revue des Soucoupes Volantes n°3 du 1er trimestre 1978, son éditeur Michel Moutet donnait cette critique de mon livre « L’Héritage des extra-terrestres ».

Dans la première partie de son livre, l’au-
teur nous conte les mésaventures de la « superstar-
psychique » (vous aurez aisément reconnu
l’inénarrable Uri Geller). Malgré un faisceau
 de faits particulièrement accablants, il reste
difficile de déterminer avec certitude si notre
 « tordeur de cuillères » est un prestidigitateur
ou un authentique « phénomène ».
Dans la seconde partie de l’ouvrage,
Michel Granger poursuit sa quête du paranor-
mal en s’intéressant à la médiumnité sous tou-
tes ses formes. Des ectoplasmes modernes aux
 « poltergeist » et aux dématérialisations, l’au-
teur nous démontre que tous ces phénomènes
 que l’on croyait l’apanage du XIXème siècle
 sont bien vivants à notre époque… et tout
aussi inexpliqués.
Michel Granger se présente ici comme le
« journaliste mondain » des phénomènes psi.
Tous les « potins » du monde parapsychologi-
que nous sont dévoilés avec un humour qui –
reconnaissons-le – manque cruellement dans
 les ouvrages de ses confrères.
Son unique conviction est que tous les
phénomènes étranges sont « naturels », que ces
pouvoirs sont inscrits dans nos gènes, qu’ils
nous ont été légués par nos « lointains ancêtres
extra-terrestres ». L’auteur a développé ce
point de vue dans d’autres de ses ouvrages,
 mais il nous apparaît que c’est une autre évi-
dence qui se dégage à la lecture de ce livre.
Nous avons nettement l’impression que la mo-
de actuelle qui tend à considérer que seuls les
« scientifiques » (plus ils ont de diplômes,
mieux c’est, et surtout s’ils sont spécialistes
 des lasers) sont seuls habilités à étudier et à
porter un jugement sur les faits paranormaux,
conduit à une impasse dans l’étude de ces
faits. Nous ne prendrons qu’un exemple ana-
logique : trouveriez-vous normal qu’on de-
mande à un chanteur célèbre d’étudier le lan-
gage » des dauphins ?


Edition en italien (1979)