mardi 30 mai 2017

Des ovnis fossiles ?





Où comment la quête du chercheur fortéen peut parfois aboutir à une impasse.

Ma revue scientifique préférée n'est pas française mais britannique. Il s'agit de l'hebdomadaire New Scientist. Sa présentation et surtout la largesse d'esprit de son équipe rédactionnelle en font une mine inépuisable d'informations d'avant-garde et de textes de vulgarisation remarquables, bien supérieurs à tout ce qu'on peut trouver hélas dans notre langue.

Des « ovnis » fossilisés ?

Aussi, lorsqu'en juillet 1989, j'ai lu en page 43 du numéro 1671 de la revue anglaise que « des ovnis fossiles mystifiaient les géologues » (textuellement : Science : Fossil « ufos » mystify the geologists), j'ai senti mon pouls s'accélérer comme celui du chercheur d'or qui découvre une pépite accrochée sous la semelle de ses souliers. L'idée de soucoupes volantes, dont on s'accorde à penser qu'elles ne datent pas d'aujourd'hui - ni même d'hier- et qu'elles peuvent s'être écrasées sur Terre dans les temps immémoriaux aussi bien qu'à l'époque moderne, m'effleura un instant mais, poursuivant ma lecture, j'appris que par « ovni », on entendait plutôt « objet vestigial non identifié », l'ambigüité provenant qu'en anglais volant (flying) commence par la même lettre que fossile (fossil).


Ou artefacts de lilliputiens ?
C'est en Californie, à Yreka, dans la montagne dite Antelope, que venaient d'être dénichées des petites concrétions en forme de disque de 2 à 7 cm de diamètre et 2 à 4 mm d'épaisseur, coincées entre les plaques de schistes formées au fond de l'océan à l'époque de l'Ordovicien, c'est à dire il y a 400 à 600 millions d'années. Même si la géologue responsable de cette trouvaille, Mrs Nancy Lindsley-Griffin, de l'Université du Nebraska, n'était pas dupe de l'équivoque qu'elle allait provoquer en baptisant ces choses des « ovnis » - ne soulignait-elle pas textuellement que « ce n'étaient certainement pas des vaisseaux spatiaux », montrant, par là, une certaine propension à donner du mystère à sa mise au jour - l'affaire m'intéressait encore. N'y avait-il pas, en effet, une possibilité que ce soit des pièces de monnaies d'une civilisation antérieure à la nôtre? Ou bien des artefacts d'un peuple oublié rappelant Lilliput ? Par exemple, avions-nous affaire à des modèles réduits de ces fameux objets discoïdes découverts dans des grottes en Chine et en URSS et qui, bien que vieux de plusieurs millions d'années, ont été conjecturés comme pouvant être des disques de gramophone d'une civilisation disparue? Etaient-ce là des mini disques dont nous pourrions un jour faire ressortir une histoire inconnue des Hommes, fussent-ils des « gnomoïdes »? Ma curiosité éveillée demandait à être étanchée.

Remonter à la source
Aussi n'hésitai-je pas une seconde et, dès le 8 juillet, j'écrivais à Mrs Lindsley-Griffin à Lincoln. Et puis le temps passa. La patience, j'ai l'habitude de la pratiquer, croyez-moi ! Je savais d'expérience que j'avais plus de chance d'être entendu depuis le Nebraska que de susciter des réactions de lecteurs bourguignons dans ce journal. Et, en effet, en février dernier, une réponse tardive me parvint. Mrs Lindsley-Griffin tout d'abord s'excusait pour le retard arguant d'avoir mélangé ma lettre avec d'autres auxquelles elle avait déjà répondu (les subterfuges polis pour dire qu'on a été débordé n'ont pas de frontière). Ensuite, elle poursuivait: « Les impressions ne sont pas des artefacts. Ressemblant à de petites roues de bicyclette avec un moyeu central, un pourtour circulaire et la plupart des rayons manquants (sic), ce sont des fossiles d'animaux au corps mous similaires aux méduses modernes, connus sous le nom de Chondrophorines... »

 
J'en fus littéralement « médusé » !


Ce texte fut publié le 11 novembre 1990 dans Dimanche Saône et Loire.



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