vendredi 2 décembre 2016

Mutilations de bétail en Amérique… et ailleurs


Depuis plus de 20 ans, il se passe sur le continent nord américain quelque chose de bizarre qui défie la raison et mystifie la population rurale : des milliers de bestiaux, animaux de prairies, paissant en liberté ou en enclos - vaches, taureaux, génisses, bouvillons, veaux, chevaux, etc. - sont retrouvés morts, dans les prés et les champs, exsangues, avec des organes essentiels manquants : oreilles coupées, yeux désorbités et emportés, mâchoire écorchée à vif, mais aussi mamelle découpée sans entamer les tissus sous-jacents et surtout organes sexuels mâles et femelles excisés prélevés et certaines parties internes extraites.

Qui se livre ainsi impunément à cette vaste opération de vivisection sélective - quelques cas, rares, avec des survivants, qui ne le restent généralement pas longtemps, indiquent que les blessures sont portées sur la bête encore vivante - qui commet ces actes de torture, d'une inadmissible cruauté, infligés directement sur le terrain sans laisser la moindre trace alentour (même dans la neige) et dans quel but ?

Sûrement pas des gastronomes fins gourmets puisque toute la viande de catégorie A ainsi disponible est gaspillée et livrée à la merci des animaux et oiseaux nécrophages ou bien vouée très vite à la pourriture sauf quand la température basse en permet la conservation des semaines durant, là justement où les sociétés d'équarrissage sont encore peu sollicitées.

Cette grande interrogation est le sujet de l'ouvrage que je livre ici à propos de ce Grand Carnage, comme je l'ai intitulé tout d’abord. Par-delà les faits irrécusables avec lesquels j'ai déjà pu alimenter une impressionnante banque de données (plus de 2500 cas documentés), Etats par Etats, années par années, ce qui permet d'en mesurer la propagation quasi pandémique, par-delà les pièces à conviction, objets macabres du litige, jonchant les herbages et les pâtures, les carcasses disséquées puantes et bourdonnantes de mouches, les photos sanguinolentes largement reproduites dans les médias, l'aspect insensé du phénomène a de quoi nous surprendre et nous interpeller.

Car rien encore de semblable ou apparenté n'a été constaté en Europe ni en France (mon livre le démontre, preuves à l'appui). Heureusement. Mais nous ne sommes pas à l'abri de ces mystérieux mutilateurs fantômes non identifiés.

Après avoir retrouvé les phénomènes précurseurs en la matière - voleurs de bétail du siècle dernier et affaire Snippy datant de 1967, toute emblématique car contenant déjà en condensé la globalité des caractéristiques de ce qui se développera au niveau du continent entier (un seul Etat américain épargné et une seule province au Canada, la « Belle », je brosse un panorama rapide des différentes vagues de mutilations de bétail qui ont secoué les Etats du Midwest depuis trois décennies (une énumération exhaustive serait trop longue et fastidieuse). Et ceci jusqu'à aujourd'hui en l'an 2001 car, malgré une enquête officielle, des milliers de cas avérés (cadavres exsangues, nauséabonds quand découverts longtemps après la mort, animaux rescapés voués à l'euthanasie ou au dépérissement), des centaines d'autopsies, des milliers d'analyse de prélèvements de tissus en laboratoire, le mystère reste entier, absurde mais persistant.

Depuis 2 décennies, les constantes sont toujours les mêmes, le modus operandi semble immuable, comme si rien ne pouvait en arrêter son inexorable persistance. Au grand dam des éleveurs confrontés, la plupart, à de telles atrocités dont ils ne peuvent justifier la nature avec les moyens du bord, à savoir les aléas des élevages (le plus souvent très éloignés des fermes, mais parfois aussi aux portes de leurs barrières sans que les chiens de garde n'aient aboyé moindrement), mais encore la tradition séculaire des incidents qui se produisent immanquablement dans ce milieu semi-sauvage que constituent certains lieux de pâturage quasi non surveillés.

Diverses tentatives d'explications ont été avancées. Elles vont de l'acte naturel de prédation par les nécrophages des prairies américaines : coyotes, écureuils, busards, etc., aux théories les plus extravagantes en passant par un acte délibérément fomenté pour des raisons les plus obscures. J'essaie d'en négliger ni privilégier aucune étant donné que je ne connais personne - ni moi-même - qui ait la clé de l'énigme. Ceux qui se l'approprient pour ouvrir la porte à leurs fantasmes seront plutôt négligés par rapport à ceux qui cherchent rationnellement une solution, comme moi en s'interrogeant.

Pourquoi les prédateurs autochtones du Montana, par exemple, auraient-ils brusquement changé leurs habitudes alimentaires dans les années 70 puisqu'ils existaient bien avant, tout aussi nombreux ? Jamais personne n'avait constaté ce type de sévices inconnus infligés à ces malheureux bestiaux avant cette époque. Les dents des opossums se sont-elles aiguisées comme des rasoirs au point de laisser les mêmes traces que les couteaux ? Certaines mâchoires se sont-elles échauffées au point de cautériser spontanément les blessures de morsures faisant penser à des coupures laser par bistouri ? Les petits animaux sauvages ont-ils soudainement changé leurs us et coutumes de subsistance pour s'en prendre maintenant à certains organes pas tellement comestibles : oreilles, queue, peau arrachée en plaques, etc. ?

Kenneth Rommel (1925-2012)
Un passage en revue des possibilités à ce niveau, à mettre sur le compte de Mère Nature jouant son rôle d'assainissement du milieu rural si particulier livré à la faune sauvage, permet de dénoncer l'inanité des accusations officielles qui font porter le chapeau à des petits animaux sauvages bien incapables de telles exactions. L'enquêteur Rommel, le bien nommé, en retraite du FBI, a soulevé un tollé en dépensant l'allocation qui lui avait été attribuée en 1979 au cours de si peu d'enquêtes sur le terrain que, coupé des faits, il a émis en 1980 un avis contestable et contesté qui ne cesse d'être battu en brèche puisque ça continue depuis et avec des détails qui invalident ses péremptoires conclusions.

Les sacrificateurs d'animaux dans le cadre d'actes sectaires ont-ils changé de cible et d'échelle (ils étaient accoutumés à s'en prendre à de petites créatures) et multipliés leurs forfaits. On y a cru à une époque, avec la naissance possible d'une super-secte mais cette thèse est aujourd'hui abandonnée du fait que les rares humains pris sur le fait se sont révélé être de pâles et inoffensifs copieurs ou des malades obsédés et pervers en mal de sensations fortes.

L'hypothèse d'un projet secret gouvernemental visant à mener une étude environnementale à travers ces cobayes a aussi recueilli une certaine adhésion d'une partie de la population échaudée par les nombreux exemples de pratiques peu licites des autorités. L'idée d'ainsi disposer de prélèvements d'organes à peu de frais sur des animaux en quasi liberté pour cartographier l'effet de polluants éventuels chimiques, atmosphériques ou radioactifs a aussi séduit les écologistes et bien d'autres... mais sans déboucher sur une accusation en bonne et due forme, laquelle n'aurait manqué, Outre Atlantique, de susciter de vives réactions. On a parlé d'un Watergate bovin mais sans aller plus loin que l'invective gratuite. Les hypothèses sociologiques – crise de la viande, fraude à l’assurance, etc. – ont peu retenu l’attention.

L'éventualité qui a le plus fait couler d'encre est sans conteste celle qui veut voir dans ces mutilations de bétail les actions incompréhensibles d'êtres venus d'ailleurs (des extraterrestres). Ce sont les traces au sol autour des victimes et les lumières célestes non identifiées au-dessus d'eux qui ont donné quelque fondement à la fameuse thèse extraterrestre, laquelle, le plus souvent, est soit évoquée lorsque aucune autre n'est plus valable, soit quand l'absurdité des faits doit faire appel à une logique étrangère à la nôtre. Et il faut bien reconnaître que le Grand Carnage répond à ce critère d'absurdité patent dans lequel il se complaît depuis si longtemps au même titre que ces phénomènes fortéens que sont les ovnis et les cercles céréaliers.

Quelques projets récents pourraient apporter enfin un moyen de surveillance inédit : Internet, par exemple, avec l'espoir de prendre enfin un mutilateur sur le fait. Encore faut-il que quelqu'un mette sur pied cela. Pour l'heure, les actes inqualifiables se poursuivent dans l'indifférence la plus totale, à un rythme de quelques centaines de victimes par an, ce qui constitue un épiphénomène par rapport aux morts naturelles mille fois supérieures en nombre dans lesquelles il se dilue.

Il ne faudrait pas qu'ainsi, dans le temps, le Grand Carnage s'installe insidieusement dans un contexte qui l'assimile à un mythe moderne, une légende rurale en quelque sorte : c'est à dire une imagerie stéréotypée acceptée par fatalisme, parce que non expliquée, jouant sur le comportement psychosocial des gens qui y sont confrontés. Ce serait dommage alors que des faits se produisent encore et donnent une dernière chance d'élucider le mystère.


Première maquette de la couverture abandonnée

Une première version de ce livre est parue en 1986, publiée par l'éditeur Vertiges et diffusée par Carrère. Quelques semaines après sa sortie, l'éditeur a fait faillite. Et le livre n'a été en vente qu'un temps limité. Actuellement il est très recherché sur le marché de l'occasion. Seul un à-valoir correspondant à 1000 exemplaires a été payé à l'auteur. Carrère a confirmé qu'il n'a aucun droit de préemption sur une nouvelle                                              version.



Ce synopsis a contribué à la publication d’une version actualisée de cette enquête en 2003 sous le titre : Mutilations de bétail, en Amérique et ailleurs... 30 ans de mystère extraterrestre ?,  chez JMG Editions.

















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