samedi 26 mars 2016

« Implants » dits extraterrestres
Une preuve directe des enlèvements ?


Tous les congrès ufologiques de l'année 1996 - Sheffield, San Marin, Greensboro, Lyon... - ont donné la part belle à cette annonce stupéfiante : des opérations chirurgicales, menées sur des victimes alléguées de rapts E.T. (on les appelle les « abductés »), auraient enfin entériné le caractère objectif de ces kidnappings...

« Le 19 août 1995, dans mon cabinet de Camarillo, Californie, j'ai procédé à deux interventions chirurgicales gratuites qui m'ont permis de récupérer, sur une femme et un homme, trois objets peut-être destinés à transmettre des messages directement au cerveau ». Ainsi s'exprimait le Dr Roger K. Leir*, devant une assistance d'ufologues britanniques médusés. Et de fournir des détails.

Les interventions
« Les patients, persuadés d'avoir été les victimes d'extraterrestres qui leur ont enfoui sous la peau quelque chose visant à contrôler leur comportement, étaient localement anesthésiés, l'une au gros orteil gauche et l'autre à la main. En plus, ils étaient sous l'influence d'un hypnotiseur qualifié, Derrel Sims, de Houston, Texas.

« Les corps étrangers avaient été situés aux rayons X et caractérisés comme hautement magnétiques à l'aide d'un gaussmètre. Cela me permit rapidement de les atteindre au scalpel.

« Quand je tentai de les extraire, les patients sursautèrent vivement comme si les objets étaient directement connectés à leur système nerveux. La première intervention dura une heure et la seconde un peu moins. Tout se passa sans problème. »

La forme des implants
Le premier objet récupéré était en forme d'étoile de ½ cm sur ½ cm; le second de la taille d'une graine de cantaloup en possédait aussi la forme ; le troisième était presque identique au deuxième.




Tous étaient recouverts d'une membrane très dure, inattaquable au scalpel, ressemblant assez à de la céramique (on a parlé aussi de kératine, ce qui n'est pas tout à fait la même chose). Aucune cicatrice n'était là pour témoigner de leur introduction dans le corps des « abductés ». Sous lumière ultraviolette, les « implants » scintillaient en vert fluorescent.



Envoyés à Houston, les membranes dites de coagulum protéiné furent séchées et retirées, révélant un noyau noir et brillant. Tout le monde attend avec impatience le résultat des analyses - chimiques, électriques, microscopiques - qui seraient en cours dans un laboratoire « de réputation mondiale », mais tout cela prend beaucoup de temps remarque perfidement le « méphistophélès » de l'ufologie américaine, Philip J Klass qui a qualifié ces prétendus enlèvements de « jeu dangereux » (1).

Autres cas
Cela n'a pas empêché le Dr Leir de recommencer la même opération (ils seraient des centaines à attendre une telle intervention), toujours aussi bénévolement malgré le risque encouru et le fait que, professionnellement, cela va lui faire grand tort. Sa mise au ban de la profession ne semble pas le préoccuper outre mesure.

En effet, le 18 mai dernier, il a débarrassé d'autres « abductés » de ces particules dans lesquelles il ne veut pas reconnaître des kystes : deux femmes au mollet et un homme à la mâchoire inférieure. Il s'agissait pour les unes de nodules de composition indéterminée (Dr Leir) et pour l'autre, d'un petit disque plat de 3 mm de diamètre.

Cela porte à une trentaine le nombre de tels « implants » récupérés à ce jour, tous aussi mystérieux.

La boîte de Pandore
Mr Sims fit sensation à la journée consacrée aux « abductions », à Sheffield, en avril dernier, en exhibant une boîte contenant plusieurs de ces capteurs biométalliques prétendument destinés à la surveillance des êtres humains par les entités extraterrestres qui visitent la terre ; par exemple, ces dispositifs miniaturisés, que beaucoup de nous posséderaient sans le savoir, serviraient à nous garder sous contrôle, nous pister un peu à la manière dont nous baguons certains animaux sauvages afin de connaître leurs déplacements, leurs habitudes et de les retrouver, le cas échéant. Ces diverses sondes furent retirées de l'œil, de l'oreille, de l'abdomen, de testicules et du septum de diverses personnes persécutées par ces intrus à notre monde.

L'une d'elles aurait même été expulsée du nez d'un « abducté » lors d'un éternuement particulièrement violent !

Potentiellement E.T.
« Si l'origine extraterrestre de ces puces est confirmée, cela aura des répercussions mondiales, écrivait le périodique allemand Magazin 2000, accréditant l'idée que l'on en serait au deuxième stade de la colonisation de la Terre par les étrangers implanteurs.

« Ces « implants » ouvrent un nouveau chapitre de recherche sérieuse à partir des rencontres possibles avec d'autres intelligences », pouvait-on lire dans une revue spécialisée anglo-saxonne.

Il est vrai que si ces inserts se révélaient d'une nature impossible à concilier avec ce qui se fait sur terre, l'ufologie tout entière en tirerait le bénéfice qu'elle attend depuis si longtemps. La preuve de l'intervention des extraterrestres non pas dans le ciel mais en nous, ce serait le monde à l'envers ! Mais quand cela a-t-il commencé ?

Historique du phénomène
L'extraction récente de plusieurs « implants » du corps de gens, qui prétendent que ces objets leur ont été placés là par des créatures étrangères à notre monde, a suscité un grand tapage médiatique. C'est l'aboutissement d'une chasse aux « implants » engagée voilà plus de dix ans et qui prouverait, selon certains, que nous sommes sous contrôle de quelqu'un.

Budd Hopkins, ancien artiste peintre et grand gourou abductionniste, révélait, en 1988, dans son livre « Enlèvements extraterrestres » (2), que des radios (images de résonance magnétique = IRM) avaient prouvé la présence, chez quatre individus, d'étranges billes placées près du nerf optique. Leur position, névralgique, semblait en exclure la récupération chirurgicale sans faire encourir aux sujets un risque inconsidéré.

Le cas de Richard Price
Cet « abducté » fait remonter son expérience à 1955, dans une région boisée près du cimetière de Troy, dans l'état américain de New York. Sa vie, jusqu'en 1989, fut certes difficile - il parle d'un cauchemar permanent - mais c'est 34 ans après sa rencontre qu'il constata que l'implant, qu'on lui avait placé dans le pénis, devenait protubérant. A peine deux mois plus tard, l'objet sort de sa peau ; il en ressent comme un choc électrique.

Ce grain à base de carbone à 90 %, affublé de trois petits crochets, s'inscrit au nombre des artefacts dont la collection déjà fournie pourrait faire basculer la thèse fantasmagorique des enlèvements extraterrestres en faveur de la robotisation subreptice de l'humanité.

D'autres « abductés » que je vous ai déjà présentés, Linda Napolitano alias Cortile, John R. Salter, se disent aussi implantés.

Des hommes et des femmes
La même année, en 1989, un objet est localisé aux rayons X dans la jambe d'un « abducté » de 37 ans du Sud de la Californie. On l'en débarrasse chirurgicalement et selon Cheryl Fernandez, radiologiste: il pouvait s'agir, bien sûr, d'un vulgaire morceau de verre, mais sa surface paraissait anormale.

Une « abductée » canadienne des années 60, se plaignant d'entendre des signaux en morse dans sa tête et ayant subi une IRM montrant quelque chose, fut opérée en 1989 à l'hôpital de Newmarket, en Ontario. On la délivra ainsi d'un petit cylindre de 1 mm de diamètre fait d'aluminium de titane et de silicium.

Une femme du Texas, ayant fait, une nuit, un rêve au cours duquel de bizarres créatures l'avaient tripotée, se réveilla avec une violente irritation oculaire. Se frottant la paupière, elle en vit tomber une particule grosse comme un grain de moutarde. Là aussi la présence de titane et de silicium fut jugée comme surprenante.

Les cas de W. Strieber
Whitley Strieber, auteur américain de best-sellers tels que Wolfen, eut une période « abductive » en 1987. Dans son livre Communion (3), il décrivait avec un réel talent de conteur la réminiscence qui lui faisait dire qu'il pouvait avoir été « implanté ». J'eus la nette impression d'avoir dans la narine gauche quelque chose que l'on glissait doucement dans mon nez. Le lendemain, il souffrit de saignements de nez.

Strieber, écœuré par certaines pratiques ufologiques, disparut de la scène pendant quelques années mais sa présence à Sheffield, en avril dernier, prouve qu'il n'a pas rompu avec ses visiteurs. Le Dr Leir s'est même offert de l'opérer pour récupérer son implant.

A l'été 1989, la fondation créée grâce aux droits d'auteurs de Strieber faisait état de scanners IRM montrant des anomalies compatibles avec ce que laisse supposer les expériences « abductives » de quatre individus. Le diagnostic médical parlait plutôt de polypes nasaux ou de taches sur la glande pituitaire, mais personne jusque là ne pouvait dire exactement ce que c'était.

Au tour des médecins
A la conférence tenue au MIT (Massachusetts Institute of Technology) du 13 au 17 juin 1992 - le MIT n'avalisait pas, de la sorte, le phénomène des abductions, il louait sa salle - dont le compte-rendu (4) ne fait pas moins de 683 pages, le sujet des « implants » fut largement abordé avec la bénédiction du Dr David E. Pritchard, docteur ès sciences en physique.

On précisa qu'ils étaient placés dans différentes parties du corps : par exemple, Alice, se plaignant de douleurs à la tête, a une grande tache blanche près de l'os principal du nez. Colette a deux opacités sur le lobe gauche de la pituitaire. Susan, une australienne, ayant subi une radio aux rayons X chez un dentiste, révéla une anomalie apparente. Des grosseurs suspectes furent localisées à l'hypothalamus et la glande pinéale d'autres kidnappés.
           
La caution de John E. Mack
Il manquait au phénomène des abductions - et aux « implants » par là même - le label scientifique qui le consacrerait. Celui-ci est venu en 1994, d'un professeur de psychiatrie de Harvard, le Dr John E Mack, auréolé d'un prix Pulitzer.

Dans une étude sans précédent (il interrogea plus de 100 « abductés »), il cite au moins 7 « implants » possibles qui vont de la pastille noire à quelque chose qu'une petite fille de 9 ans a senti bouger dans sa tête lors d'une chute aux barres horizontales, en passant par ce qui ressemble à une petite gomme sortie de l'oreille d'une quadragénaire.

Et d'évoquer avec émotion le jour où M. Mack lui-même à tenu dans ses mains un petit objet filiforme d'une longueur d'un centimètre apporté à lui par une patiente « abductée ».

Cet objet arrivait-il tout droit d'un univers extraterrestre ? C'est là tout le problème qui entoure ces histoires d'« implants ».

Qu'en penser en définitive ?
Je propose d'appliquer aux faits incontournables désormais le principe suivant : ce n'est qu'en tout dernier ressort, quand toutes les autres explications possibles ont échoué, qu'on peut se tourner vers l'explication extraterrestre et seulement à ce moment là. A moins, bien sûr, qu'une analyse corrobore la fantastique hypothèse. Mais pour l'instant, il n'y en a pas et toutes les solutions triviales ne sont pas épuisées, comme nous l'allons voir.

Que du naturel ?
Hormis les récits des « implantés » encore sujets à caution, y a-t-il eu quelque chose de déterminé sur ces granules, extraits chirurgicalement ou auto-expulsés, qui puisse en exclure l'origine terrestre, voire naturelle ? Rien, à ma connaissance. Les analyses à ce jour disponibles n'interdisent aucunement une origine quelconque voire même artificielle mais totalement pragmatique. Le corps humain produit maintes concrétions auxquelles certains « implants » n'ont aucune difficulté à s'identifier. Il s'agit même parfois de sphéroïdes pouvant manifester des propriétés magnétiques, comme l'ont montré trois zoologues de l'Université de Manchester. Nous ne nous étendrons pas plus longuement sur cette éventualité qui tend à faire passer les « abductés » pour des mythomanes, des stigmatisés de l'intérieur, en quelque sorte. Trop de liens affectifs nous relient à nos amis américains pour ainsi les juger.

Comme des taureaux
Une autre piste à suivre est celle participant d'un contrôle mental collectif profondément ancré dans les esprits Outre Atlantique. L'image du taureau chargeant, arrêté net par un savant, en blouse blanche, qui enfonce simplement un bouton sur un boîtier qu'il tient à la main, ne cesse de hanter une partie de la population nord-américaine.

L'homme s'appelait José Delgado et travaillait à l'Université de Yale. Pour ajouter du spectaculaire, cela se passait dans une arène, à Madrid. Suite à sa fameuse expérience, Delgado déclarait, en 1966, qu'elle prouvait que les humains pouvaient être contrôlés comme des robots par des boutons-poussoirs.

Le spectre orwellien
Si Delgado implanta de petites électrodes dans la tête de chats, de singes et même d'un taureau, officiellement il ne s'exerça pas sur l'homme. Mais quelques-uns de ses collègues ne s'en privèrent pas tel le Dr John Lilly, précurseur, qui, dès 1953, inventa les sondes cérébrales. Le Dr Antoine, de Paris, devint un de ses disciples.

Robert G. Heath, de l'Université Tulane, plaça des électrodes dans la tête de 125 sujets pour combattre leurs tendances homosexuelles. Le docteur Joseph Myers, de la NSA (National Security Agency) proposa, en 1973, d'« implanter » tous les détenus américains. Cette mesure fut même évoquée pour chaque enfant né en territoire américain afin de mettre un terme à la notion d'enfants perdus !

On peut comprendre que le peuple américain vive dans la hantise d'être « implanté » depuis plus de 40 ans, d'autant qu'il a d'autres raisons légitimes de se méfier.

Recherches clandestines
Sous couvert d'opérations d'espionnage secrètes, la CIA américaine manifesta, au temps de la guerre froide, un intérêt flagrant pour les techniques de contrôle de l'esprit à distance. L'assassin du Président Kennedy, Lee Harley Oswald fut soupçonné d'avoir un « implant » dans le sinus mastoïdien, le rapport d'autopsie mentionnant une petite cicatrice. Le sous-projet 94 du sinistre projet MKULTRA fut bien consacré, on le sait aujourd'hui, à cette question de mainmise sociale sur le comportement humain grâce à des électrodes cervicales judicieusement placées.

Un rapprochement évident a été fait entre l'expérience de temps manquant des « abductés » et le projet intitulé Electronic Dissolution of Memory (suppression de la mémoire par voie électronique). Pour se convaincre de l'ampleur du phénomène, il n'est que de lire Operation Mind Control, de Walter H. Bowart, présent dans toutes les bonnes bibliothèques municipales. Pas étonnant que de telles révélations laissent des séquelles...

Et puis, ultime éventualité qui annihilerait tout recours à ces fameux extraterrestres « abducteurs » désireux de contrôler l'humanité, il y a aussi la méprise, pure et simple, dont nous ne sommes pas malheureusement à l'abri.

Un fâcheux impair
Par exemple, c'est en 1986 que la prestigieuse revue Nature fit état d'une étrange découverte détectée dans une préparation de chromosome humain durant une procédure médicale ; il s'agissait d'un objet quadrillé minuscule ressemblant à une grille de mots croisés fragmentée, donc à apparence carrément artificielle, mélangé à l'échantillon tissulaire soumis à examen.

Les ufologues eurent beau jeu de s'emparer de l'affaire en affirmant qu'enfin on avait la preuve physique de microcircuits imprimés (chips) introduits jusque dans nos chromosomes.

Mais ils furent vite déconfits lorsque des collègues des auteurs de l'article de Nature montrèrent qu'il s'agissait d'un fragment de terre diatomée (algues unicellulaires) qui avait migré de la tétine de caoutchouc de la pipette Pasteur ayant servi à la préparation et qui, emprisonné entre deux plaques pour observation au microscope, notamment avec des bulles d'air qui simulaient des raies perpendiculaires, donnait cette apparence.

Messieurs les « abductionnistes », de grâce ne recommençons pas l'histoire des mots croisés chromosomiques. Sachez, cependant, qu'une grande partie de nos rêves d'antan est entre vos mains.


Références :
1/ Philip J. Klass, UFO Abductions, A dangerous Game, Prometheus Books, 1989.

 2/ Budd Hopkins, Enlèvements E.T.s, les témoins parlent, Editions du Rocher, 1995. Publié initialement à New York en 1981.






3/ Whitley Strieber, Communion, Editions J’ai Lu, 1988. Publié initialement en 1987.

 4/ A. Pritchard et al, Alien Discussions, North Cambridge Press, Cambridge, Massachusetts, 1994.














Publié sous le titre Implants extraterrestres tout d’abord en 3 fois dans DIMANCHE S. & L. (24/11/1996 et 1 et 8/12/1996) et 
globalement dans UFOMANIA, n°14-15, mars 1997.


* Au moment de la publication de ce texte, le livre de R.K. Leir, The Aliens and the Scalpel, n’était pas encore publié. Il le sera en 1998. Ni, bien sûr sa traduction française qui ne le sera qu’en 2003.

Hélas, la lecture de ce livre, ne m’incita pas à allouer plus de crédit que ça à cette affaire des « implants » dits extraterrestres.













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